Un techo para mi Pais!

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Trois règles: NO DROGUAS, NO SEXO, NO ALCOOL


Le courant ne passe plus. Les huit jours vont être long! Arrivé dans cette école dans les quartiers sud de Mar del Plata nous sommes tous réuni pour un projet commun: construire des maisons en bois pour des familles désœuvrées vivant en deçà du seuil de pauvreté.

JOUR 0

La mission est simple construire par petits groupes de 6-7 une maison pour chaque famille. Trois au total pour chaque groupe. Nous devons établir nos quartiers à même le sol dans des salles de classe d’une école abandonnée par ses élèves partis en vacances…. Ce sera donc ambiance camping durant ces quelques jours puisque il n’y a pas de douche. Juste un petit robinet pour tous qui sera le témoin privilégié de cette bataille quotidienne des volontaires pour avoir la peau un peu moins sale. Le tapis de sol n’aurait pas été un luxe mais j’avais décidé sans le savoir vraiment de vivre l’aventure dans des conditions précaires. Ah… l’aventure!
Le premier repas autour de minuit me donne deux indications: La première est qu’il me faudrait retrouver ma boite à gâteau au fond de mon sac et la seconde que nous allons partager assiettes et verres pendant les prochains jours: “Je crois que c’est à ton tour d’utiliser la fourchette pour manger dans notre assiette commune” . Nous allons tout partager, adieu promiscuités. C’est à ce moment là que l’on rencontre son équipe. Le temps des présentation et j’ai déjà l’impression de me retrouver dans un avion à connaître les autres membres de l’équipage! Nous allons vivre ensemble pendant ces huit jours et mon premier resentiment est bon.
Ma première nuit est difficile, mon voisin à la toux mécanique me rappelera le temps d’une soirée que j’avais aussi des travaux près de chez moi depuis trois mois. L’étrange sensation que le sol se solidifie sous le poids croissant des mes os me donne une certitude consternante: mon dos et moi n’iront plus jamais passer nos vacances ensemble.

JOUR 1

Surprenant mais diablement efficace, le réveil restera l’espace d’un bref instant, le meilleur moment de ma nuit. Fin du calvaire, mais m’étais-je vraiment endormi?
Le petit déjeuner propose eau chaude pour Thé, café ou maté! Je crois que je vais commencer par un thé avec un peu de sucre. Avec la bonne humeur qui caractérise les colonies de vacances partant au parc Astérix, nous nous dirigeons vers notre lieu de construction par équipe de six. Le décor change alors même que nous sommes encore dans le bus, des petites maisons bourgeoises de banlieue nous finissons par nous enfoncer dans les profondeurs rurales ou la misère commence peu à peu à faire son apparition. Chaque groupe se dirige alors vers la famille pour laquelle il va construire en 2 jours et demi la maison sur leur terrain. Pour nous, ce sera un monsieur de 57 ans avec son fils de 12 ans vivant dans des conditions très précaires. La rencontre est furtive et nous rentrons dans l’action assez rapidement sur les coup des 10 heures. Une longue journée va nous attendre…. mais quelle journée! L’opération pour construire la maison se décompose en plusieurs étapes. Repérage du terrain, mise en place de 15 pilotis enfoncés profondément dans le sol, pose du plancher à une vingtaine de centimètres du sol, positionnement des parois murales, préparation et renforcement pour la pose du toit, laine de verre et enfin la tôle par dessus tout ça pour se proroger des intempéries.

JOUR 2

La nuit s’avère être un vrai calvaire et lorsque je m’endors quelques minutes c’est pour rêver de mon matelas douillet. Deux jours pour terminer cette première maison. Voilà ce que nous avons. Il ne va pas falloir traîner aujourd’hui. L’organisation du “techo” régie par des étudiants nous réserves parfois quelques surprises mais dans l’ensemble, le projet qu’ils conduisent est plutôt bluffant. Les groupes constitués en fonction des forces en présence ainsi que de l’expérience des anciens volontaires donne à l’équipe un équilibre sur l’ensemble du chantier. Cette oeuvre caricativo-sociale et son petit côté “boyscout-adventure” jongle entre les moments, construction, aventure, efforts physiques et puis les moments plus calmes une fois de retour à l’école, ou réflexions et jeux conviviaux rythmes les longues soirées. Revenir en arrière en partageant des moments simples et “universitaires” lors de ces réunions tardives donne un petit goût de “bin tiens ça je l’avais jamais vraiment fait” Et c’est plutôt sympa! L’extinction des feux vers deux heures du matin donne le feu vert pour un nouveau combat face au sol!

JOUR 3

Et c’est reparti pour un tour. Aujourd’hui nous changeons de famille. Nous avons terminé le matin même le toit de la première maison, pour attaquer par la suite et sans relâche la seconde maison avec la nouvelle famille.
Dans la campagne il est plus difficile de se repérer pour aller d’un endroit à un autre, je propose alors mes services de cartographe sur terre pour nous aider à nous orienter. Ce jour là, je serai Napoléon. Le français venu de l’est pour conquérir Mar del plata! Finalement après presque deux heures de recherches, chargés comme des mules, nous finissons par trouver la maison. C’est une famille de huit personnes vivant dans un quartier boîsé qui nous accueille, l’échange sera court car du travail nous attends… Je me surprends à motiver les troupes et donner le signal de départ à mon équipe quelque peu fatiguée et démobilisée. L’argentin n’est jamais vraiment pressé, mais j’ai vu le labeur qu’était de construire une maison et cette fois ci il va falloir s’organiser pour éviter l’appel à d’autres troupes comme ce fut le cas sur le premier champs de bataille! Les techniques apprisent lors de la première étape nous permet à tous d’avoir un peu plus le sens des initiatives. Le retour sera tardif, la fatigue présente. L’attente pour manger le soir n’est pas toujours facile. Car nous mangeons vers minuit. Comment peut-on tenir huit jours avec si peu de sommeil dans les pattes? Les Argentins y arrivent… eux ils savent…. il va me falloir savoir aussi, et vite!

JOUR 4

Cette semaine sera interminable. Ce ressenti a eu lieu lors du réveil ce matin à 07h00 avec un mal de dos et une envie rocambolesque et contradictoire de retourner m’affaler sur le carrelage en broyant mes genoux contre la fraîcheur solide du sol. L’un d’entre nous ne se sent pas très bien pendant la journée, nous allons devoir continuer à cinq. Mais tout va bien, Les problèmes rencontrés sur le premier chantier disparaissent cette fois ci… tout est plus simple, on presque l’impression d’enfoncer des clous dans des plaquettes de beurre! Une journée sans encombres. Le retour à l’école se fait dans la joie. Il est temps de se laver. La douche est une vraie organisation, qui demande ingéniosités mais qui s’avère salvatrice. Un petit robinet d’eau froide pour tous. Les odeurs dans la salle de bains me rappelle… et bien en fait, que je ne connaissais pas celle-ci pour le moins originale et un poil désagréable. Le soir est organisé un petit jeu ou notre groupe doit mimer une personne en état de constipation pendant trois jours. Mes collègues me choisissent pour ce rôle ingrat mais nous finissons avec la médaille d’argent et mes talents de comédien sont salués chaleureusement par un jury très star académie. Cette soirée d’euphorie ce terminera en apothéose avec la négociation d’un tapis de sol, le tournant de la semaine à n’en pas douter, mes nuits vont désormais changer…. … Et oui! certains doivent nous quitter pour des raisons médicales. Le sacrifice de cette personne n’aura pas été vain et son don est la plus belle chose qu’elle aura pu faire avant de partir. Je serai sauvé ce soir pour dormir.

JOUR 5

Ce matin nous avons perdu un homme. Tombé au combat. Je serai donc le le dernier du groupe. Partir travailler avec quatre filles et construire cette deuxième maison ne m’effraie pas trop. L’idée c’est que la famille nous aide aussi à construire la maison…. et hier j’ai remarqué qu’il y en avait un qui avait de gros bras…. ça sera lui la machine à marteler les clous! J’ai confiance…. l’ambiance est bonne et ne travailler qu’avec des filles ne me déplaît pas tant que ça. L’échange des dessins promis la veille avec la petite Zahira a bien lieu comme prévu et dès la transaction amicale terminée nous pouvons continuer…. là encore on sent que l’expérience acquise lors de la première maison porte ces fruits pour celle ci. Nous finissons le toit sous un soleil de plomb mais heureux de pouvoir partager un bon repas avec toute la famille sur le coup des 13h. Après chaque construction c’est le temps de l’inauguration. Un moment riche en émotion lors de l’ouverture de la porte d’entrée de leur nouvelle maison. Un bref discours accompagne cette mini cérémonie et déjà vient le temps de rassembler nos affaires pour partir découvrir la dernière famille. Cette fois ci nous serons deux équipes rassemblées pour construire la dernière maison en deux jours. Autant dire que nous devrions être beaucoup sur le chantier et que le temps de travail de chacun sera réduit. C’est pas si mal, surtout qu’une averse nous obligea à stopper les opérations, ranger le matériel et rentrer tout mouillé et boueux à l’école. Va falloir que ça se termine cette idée de rester sale et dormir par terre! Ce soir je sèche, la fatigue me fige. Je ne serai même pas du repas ce soir. adieu.

JOUR 6

Réveil 07h00. Je partage un thé dans le récipient de mon voisin. J’enfile mon jean sale. Cherche un t-shirt dans mon sac qui me plaît, euh non…. qui est propre. et nous repartons.
Le verdict est tombé, cette dernière maison ce fera sous la pluie. Boue et bonne humeur jusqu’au bout. Ma particularité, c’est d’être français parmi des Argentins, et en employant des expressions locales je n’ai pas besoin de me forcer beaucoup pour faire rire un peu tout le monde, je suis devenu une attraction vivante. L’interaction sociale me manquait un peu finalement et me change de mon travail en solitaire chez moi. Agréable sensation tant qu’on ne devient pas une bête de foire. Dans ce cas ci, heureusement non, l’intégration est réussi voir plébiscité! La maison avance assez tranquillement mais l’effet de groupe ne garantie pas une productivité exceptionnelle. La fin de semaine se fait sentir aussi. Alors après pas mal d’efforts ce n’est pas si incroyable de voir certains membres de la “cuadrilla” s’éparpiller un peu. Le moment clef de la journée sera celui du repas de midi ou la famille avait préparé pour tous une flopée d’empanadas “caseras” qui de fois d’expert étaient au top! Les cinq ont glissées comme cinq gorgées de jus de pommes en plein désert! La pluie nous ralentie un peu mais le nombre finira quand même par faire la différence.! Ça permet de connaitre les conditions réelles dans lesquelles vivent ces familles lorsque il pleut. Il restera toute la journée de demain pour terminer de toute façon. Ça nous donne l’occasion de rentrer pas trop tard ce soir… 20h00. Presque un peu tôt.

JOUR 7

Dernière journée de construction. Le réveil se fait tout seul. Plus besoin grogner ce matin. Une belle journée s’annonce.
Finalement ces “vacances” sont très instructives et rémunératrices, apprendre la construction d’une maison en bois, parfaire son bronzage en coupant de la tôle sur le toit, être en immersion complète pour ne faire que parler espagnol avec des Argentins toute la journée et enfin sculpter son physique de rêve à la mode bucheron, tout ceci dans le cadre d’une action humanitaire enrichissante et concrète! Que demander de plus? Peut être que j’exagère un peu sur certains points, mais dans l’ensemble l’expérience est un succès. Peu à peu la maison se termine, nous allons avoir fini sur les coups de 14h00 pour pouvoir partager tout ensemble un grand “asado” (barbecue) préparé par la famille de Willy pour nous remercier. Une famille assez extraordinaire composée en réalité de trois familles vivant dans une petite maison mais au sens de l’accueil grandiose. L’après midi sera réservée à un petit football des familles plutôt sympathique! Mission terminée… la maison est finie!

JOUR 8

Toutes les belles histoires ont une fin. Celle ci sera très particulière puisqu’elle mélangera effervescence et émotion. Le dernier jour est consacré à la réunion de toutes ces familles lors du “cierre”. Un moment ou l’on mesure la différence qui a été faite pour ces familles. Pour nous, cela semble si peu mais pour eux, tout est différent. Ils vont pouvoir désormais dormir sans craindre que la pluie rentre à l’intérieur même de chez eux, ne plus avoir à écouter les cris du bébé de l’ainée qui dort dans la seule pièce qui sert à dormir, vivre avec l’impression d’avoir un toit sur la tête qui ne s’écroulera pas au premier coup de vent et certainement bien d’autres choses que nous, ayant la chance d’être né du bon côté du globe, ne pouvons même pas imaginer! Le départ se fait avec la boule au ventre de n’avoir finalement pu donner qu’un toit à trop peu de gens, mais avec la ferme intention de revenir et continuer cette belle aventure qui malgré ses quelques désagréments reste avant tout une superbe aventure ou l’humain redevient celui qui compte.
Merci aux membres du “Techo”, aux familles et mes compagnons de construction.